Oiseaux de rivage

Les oiseaux de rivage, comme leur nom l’indiquent, sont le plus souvent observés sur les rives des océans, des lacs et des zones humides. Pendant la migration, ils se nourrissent souvent en grands groupes sur le bord des côtes ou volent en groupes de milliers d’individus au-dessus des étendues d’eau. Si vous avez la chance de suivre certains d'entre eux jusqu'en Arctique, vous trouverez diverses espèces d'oiseaux de rivage qui se reproduisent à l'intérieur des terres. Les oiseaux de rivage représentent l'un des groupes d'oiseaux nicheurs terrestres le plus diversifié de la toundra, avec plus de 50 espèces nichant dans les régions arctiques du monde.

En raison de la tendance à la baisse de populations observée chez plusieurs espèces d’oiseaux de rivage, ils sont un sujet de préoccupation de gestion. Il est difficile d'identifier les facteurs qui déterminent la dynamique des populations d'oiseaux de rivage de l'Arctique, car ils effectuent de longues migrations et passent du temps dans des sites de reproduction et d’hivernage différents. La perte d'habitats sur les haltes migratoires et les sites d'hivernage est considérée comme la principale cause du déclin des populations d'oiseaux de rivage. Cependant, nos connaissances des effets des changements qui se produisent dans l’Arctique sur les populations d’oiseaux de rivage sont très limitées. La recherche écologique axée sur la faune non chassée, comme les oiseaux de rivage, est rare dans l'Arctique. En recueillant des informations détaillées sur les paramètres écologiques et démographiques, notre recherche fournit des données clés qui sont nécessaires à la compréhension des processus affectant l'abondance des oiseaux de rivage nichant dans l'Arctique.

Nicolas Bradette Nicolas Bradette Nicolas Bradette Joël Bêty
Andréanne Beardsell Nicolas Bradette Laura McKinnon Nicolas Bradette
Pluvier grand-gravelot Bécasseau de Baird Bécasseau à croupion blanc Pluvier bronzé

Sur l'Île Bylot, les oiseaux de rivage nicheurs les plus abondants sont le bécasseau de Baird, le bécasseau à croupion blanc, le pluvier bronzé et le pluvier grand-gravelot. D'autres espèces d'oiseaux de rivage nichant sur l'Île Bylot comprennent le pluvier argenté, le bécasseau à poitrine cendrée, le phalarope à bec large, le bécasseau maubèche et le tournepierre à collier. Pour une liste complète des oiseaux de rivage observés sur l’Île Bylot, consultez notre liste d'espèces d'oiseaux.

L'objectif principal de notre projet est d'identifier les facteurs environnementaux et écologiques affectant la dynamique des populations et la répartition des oiseaux de rivage nichant sur l'Île Bylot. Nos objectifs spécifiques sont les suivants:

  1. Identifier les facteurs affectant le succès de reproduction et la survie des oiseaux de rivage.
  2. Fournir des informations de base pour évaluer les tendances actuelles et futures des populations d'oiseaux de rivage et de leur nourriture (insectes et araignées).
  3. Identifier les origines d'hivernage et les routes migratoires des oiseaux de rivage se reproduisant sur l'Île Bylot.

Migration

De tous les organismes migrateurs, les oiseaux de rivage présentent l'une des stratégies migratoires les plus impressionnantes. Par exemple, le bécasseau à croupion blanc et le bécasseau de Baird couvrent une distance incroyable de 15 000 km depuis les zones d'hivernage à la pointe sud de l'Amérique du Sud jusqu'à leurs lieux de reproduction dans l'Arctique canadien. Les barrières écologiques telles que les océans, les chaînes de montagnes ou les glaciers peuvent avoir une influence substantielle sur l'évolution des routes et des stratégies de migration des oiseaux de rivage. Par exemple, nos résultats montrent que le pluvier grand-gravelot qui niche sur l’Île Bylot et qui hiverne en Afrique, utilise différentes stratégies pendant la migration printanière et automnale. En effet, ils minimisent les distances de vol continues au-dessus de l'océan au printemps en faisant un détour pour s'arrêter en Islande. En automne, cependant, la plupart des individus traversent l'océan en un seul vol direct du sud du Groenland vers l'Europe occidentale, jusqu'au sud de l'Espagne. Ce changement de stratégie pourrait résulter des vents dominants dans le sens inverse des aiguilles d'une montre associés au système islandais de basse pression.

Migration routes of common ringed plover - Don‐Jean Léandri‐Breton
Routes migratoires de pluviers grand-gravelot nichant sur l’Île Bylot et hivernant en Afrique
(de Léandri-Breton et al. 2019, DOI 10.1111/jav.02101)

Écologie de la reproduction

Sur l'Île Bylot, nos données indiquent que le renard arctique est le principal prédateur des nids d'oiseaux de rivage. Les œufs d'oiseaux de rivage sont une proie accidentelle pour le renard arctique, car ceux-ci se nourrissent principalement de petits mammifères et d'œufs d’oies sur l'Île Bylot. La prédation sur les œufs d'oiseaux de rivage est plus élevée lorsque l'abondance de lemmings est faible. Alternativement, lorsque les lemmings sont abondants, les oiseaux de rivage subissent une pression de prédation plus faible et ont un succès de nidification plus élevé.

Andréanne Beardsell

Nos recherches montrent également que l'abondance des oies affecte négativement les oiseaux de rivage nichant dans l'Arctique par le biais de prédateurs communs. La colonie d'oies attire des prédateurs, notamment des renards et des prédateurs aviaires (goélands, corbeaux et labbes). Une telle réponse agrégative des prédateurs affecte négativement la survie des nids d'oiseaux de rivage et semble également réduire la présence d'oiseaux de rivage nicheurs dans la colonie d'oies.

Indirect interactions between lemmings, geese and shorebirds - Jean François Lamarre
Interactions indirectes entre les lemmings, les oies et les oiseaux de rivage
(de Lamarre et al. 2017, DOI 10.1002/ecs2.1788)

Les données reliées à notre suivi de nidification des oiseaux de rivage à l’Île Bylot sont disponibles sur NordicanaD.

Plectrophane lapon Arthropodes terrestres